Le 6 février 1973, un incendie criminel ravage le collège d’enseignement supérieur Edouard Pailleron. Il provoquera la mort de 20 personnes dont 16 enfants. Le bilan est dû à la vitesse de propagation des flammes et surtout à la conception de l’établissement. Cet évènement aura pour conséquence la destruction des très nombreux collèges construits sur le même modèle et leur remplacement par de nouveaux bâtiments.Ce drame qui avait traumatisé l’opinion, a donné lieu à de multiples procédures.
J’ai à cette occasion eu l’honneur, jeune avocat, de participer aux côtés de mon confrère Jules Borker, grande figure du Palais, aujourd’hui avocat honoraire, au procès correctionnel qui s’est ensuite tenu devant le Tribunal de grande instance de Paris pour juger ceux qui avaient pris la responsabilité de la conception de l’établissement.
Par jugement du 30 mars 1978, la 16° chambre correctionnelle a condamné de hauts responsables de l’administration à des peines de prison avec sursis pour homicides et blessures involontaires, l’Etat étant lui-même jugé responsable ultérieurement par le Conseil d’Etat d’une partie des conséquences dommageables de l’incendie.
D’une certaine manière, ce procès fut précurseur en rompant avec l’usage d’une certaine impunité des hauts fonctionnaires quand leurs décisions s’avèrent dangereuses pour les usagers.
Ce fut une joie pour moi de participer à ce procès passionnant au cours duquel j’appris beaucoup en écoutant s’exprimer avec le plus grand talent sur le banc des parties civiles mes confrères Jules Borker, Annie Voisin, Jean Lafon et Armand Dimet, et sur celui de la défense de nombreux avocats d’excellence dont Bernard Sur.